• Le 1er novembre, les catholiques fêtent tous les saints, connus et inconnus. La Toussaint exprime la joie et l’espérance chrétiennes : elle rappelle à chacun qu’il est personnellement appelé à la sainteté, à l’instar des saints célébrés ce jour.

    Leur sainteté n’est pas la perfection d’un code moral mais la perfection de l’amour, pour Dieu et le prochain, un amour capable de transfigurer l’existence et le monde. Cette sainteté n’est pas le privilège de quelques uns mais la vocation de tous.


    Les origines de la fête de la Toussaint remontent aux premiers siècles. Il s’agissait alors de célébrer la mémoire de tous les martyrs dont le nom était inconnu et qui, de ce fait, ne pouvait avoir de fête particulière. Au début du VIIe siècle, le pape Boniface IV déclare le 13 mai « Fête de tous les saints martyrs ». Elle devient la fête de tous les saints au moment où elle est transférée au 1er novembre par le pape Grégoire VII (XIe siècle).

    « La célébration de la fête de tous les saints dont nous faisons aujourd’hui la solennité est une fête de l’espérance pour les chrétiens d’abord et, à travers eux, pour l’humanité tout entière. Dieu est suffisamment puissant pour nous faire trouver notre joie là où nous ne la cherchons pas, ou plutôt il est suffisamment puissant pour orienter autrement notre recherche et nous faire trouver notre bonheur dans ce qu’il veut nous donner même si ce n’est pas ce que nous désirons spontanément. Ce retournement du désir, cette nouvelle orientation de nos aspirations, n’est pas réservée à une mince élite de saints héroïques. Dans beaucoup de cas, les saints héroïques ont été reconnus, ils sont célébrés dans les fêtes de l’Église, ils n’ont pas besoin de la fête de la Toussaint.

    La fête de la Toussaint rassemble dans une même prière justement ceux qui ne sont pas connus, ceux qui n’ont pas été des héros, ceux qui n’ont pas trouvé la notoriété dans leur chemin de perfection, ceux qui ont mis en œuvre l’Évangile modestement, jour après jour, à travers les difficultés de leur existence. Notre espérance, c’est que de ces saints anonymes et inconnus, l’Écriture nous dit qu’ils sont une multitude. Les saints issus des douze tribus, l’Apocalypse les compte, même si c’est de façon symbolique, en donnant un chiffre extraordinaire, mais un chiffre tout de même. Mais les autres, ceux qui viennent de toute nation, race, peuple et langue, c’est une foule immense que nul ne peut dénombrer. La sainteté n’est réservée à une petite proportion du peuple de Dieu ; elle est la vocation de la multitude.

    Tous, nous sommes appelés à la sainteté et à nous tous, Dieu offre la possibilité de découvrir notre bonheur au cœur des événements de notre vie, même quand ils ne correspondent pas à ce que nous souhaitons. L’écart entre cet épanouissement de la béatitude tel qu’il est découvert par l’évangile selon saint Matthieu et ce que nous éprouvons, ce que nous ressentons, cet écart ne doit pas se traduire dans une sorte de malthusianisme de la sainteté en imaginant que c’est le fait d’un petit nombre tandis que le grand nombre auquel nous appartenons resterait voué à une vie médiocre. Baptisés dans le Christ, nous sommes enfants de Dieu. « Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes », mais entre cette identité radicale que nous avons reçue au moment de notre baptême, la plénitude des dons de l’Esprit-Saint qui nous été donnée par la confirmation et l’accomplissement de notre vocation dans la plénitude de la sainteté, il y a l’espace du temps.

    Le temps de notre vie, ce temps qui nous est donné, non pour que nous cherchions indéfiniment une identité que nous avons déjà mais pour laisser cette identité transformer notre cœur. « Ce que nous sommes ne paraît pas encore clairement », cela reste comme enfoui sous l’apparence de notre existence présente. C’est comme une expérience intérieure qui progresse et qui se développe peu à peu jusqu’à envahir la totalité de notre être, pour certains très rapidement, pour d’autres plus lentement, mais pour tous, c’est l’appel à être tout entiers transformés par la vision du Fils de Dieu : « Nous deviendrons semblable à lui parce que nous le verrons tel qu’il est » et « tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur ». »

    Homélie de Mgr Vingt-Trois – Jeudi 1er Novembre 2007


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